Enjeux du tourisme culturel et écotourisme pour le développement durable des régions

Marrakech qui a accueilli du 29 Novembre au 3 Décembre 2018 le 60 Congrès de la Fédération Internationale des Journalistes et des Écrivains du Tourisme des 70 pays membres est la capitale du tourisme marocain, et en particulier le tourisme d’affaire accueillant des centaines de congrès, de séminaires et de forum nationaux, régionaux et mondiaux par an, et elle vient en plus d’être élue Capitale de la Culture de l’Afrique pour 2020. Quelle belle, heureuse et bienvenue coïncidence ?

C’est vraiment joindre l’utile des affaires à l’agréable de la culture, le Congrès de la FIJET vient à point nommé pour débattre de cette dualité du tourisme et de la culture dans un monde hésitant entre ouverture et fermeture. Et le choix du Musée de l’Eau pour l’accueil de ce congrès est tout un symbole harmonieux de l’authenticité et de la modernité du Maroc, mais aussi une référence au développement durable dont l’eau est un enjeu vital pas uniquement pour Marrakech, le Maroc et l’Afrique qui ont accueilli la COP 22, mais pour l’humanité toute entière. Car l’eau source de vie est vecteur d’agriculture et de culture, et c’est autour de l’eau que naissent les civilisations.

Dès lors Le thème choisi « Tourisme et Culture, Quelle Relation et Quel Avenir » pour le 60ème Congrès de la FIJET prend tout son sens dans cette magnifique cité impériale cosmopolite pleine de trésors et de merveilles qui ne laisse aucun visiteur indifférent, et encore moins l’œil experte des 250 journalistes et écrivains professionnels du tourisme du monde entier qui nous font l’honneur et l’amitié de leur présence et de leur participation aux actes du Congrès. Que leurs articles, publireportages et analyses portent au plus loin l’exception et l’attractivité du Maroc ?

Ces invités de marque ne manqueront pas de sublimer leurs impressions et de partager leurs sensations avec leurs lecteurs au pays curieux de leur voyage au Maroc, pays d’hospitalité, de culture, de raffinement, d’ouverture et de tolérance au carrefour des continents et des civilisations orientales et occidentales, méditerranéennes, judéo-chrétiennes et musulmanes, amazighs, arabes, romaines, grecques, européennes, balkaniques, turques et africaines. 

Le choix du thème du rapport du tourisme à la culture interroge la responsabilité et la durabilité du tourisme qui résident tout naturellement dans son originalité et son authenticité pour interpeller la profondeur et le sens, magnifier les valeurs et l’excellence d’une expérience unique et intense qui célèbre le respect des différences.

LE TOURISME ALTERNATIF OU CULTUREL VERSUS LE TOURISME DE MASSE :

Comme chacun sait, le tourisme est un champ vaste et complexe qui s’exprime à travers de multiples déclinaisons. Il s’impose comme l’une des industries majeures du monde et par conséquent, il constitue un vecteur important de la croissance et de l’investissement, un moteur structurant de l’aménagement et dynamisant du développement des territoires et des régions dès lors qu’il cherche la durabilité et ne se contente pas de la profitabilité à n’importe quel prix, et respecte sa responsabilité économique, écologique, sociale et citoyenne stimulée par un partenariat public privé réellement engagé et équilibré qui favorise la concertation et le dialogue permanent entre les deux parties ?

Avec le développement du tourisme de masse et la société du temps libre, et les avancées de l’économie numérique et digitale l’offre culturelle est devenue un véritable enjeu d’attractivité et de marketing territorial, un argument majeur de commercialisation de produits touristiques et culturels et plus encore elle participe à la construction d’un imaginaire collectif et à une symbolique partagée. Pour autant, le développement des différentes formes de tourisme culturel influence-t-il la conception des politiques culturelles nationales et territoriales et amène-t-il les acteurs de la culture à repenser leur manière de travailler ? C’est là tout l’enjeu du débat sur la relation entre tourisme et culture ?

Dans les régions à forte potentialité touristique comme Marrakech, l’offre culturelle en direction des populations saisonnières se déploie désormais sur les champs de la diffusion (festivals, congrès, spectacles et événements en tous genres, expositions…) mais également sur le champ des services et des projets, notamment l’éducation artistique, l’acquisition de nouveaux savoirs et la rencontre entre les populations. Et le recours des clients au marketing digital et réputationnel sur les réseaux connectés change la donne du tourisme en général et du tourisme culturel en particulier où le choix se fait sur des critères de qualité, d’originalité, de créativité et de compétitivité très strictes. Et en raison de ce mode de vie hyperconnecté le client touriste devient plus exigent et cherche une valeur ajoutée de l’histoire, de la culture, du territoire et du terroir à la quête du vrai, du rare et de l’exceptionnel. C’est une manière de retour aux sources pour fuir l’artificiel vers l’originel, le conjoncturel vers le culturel. Face à l’agressivité du marché on cherche le dépaysement de l’âme, la quête de l’essentiel et du sens dans un monde pressé et inquiet qui est aussi celle du durable. Bref, un retour sur soi pour donner un sens à l’existence par le partage de l’authenticité d’une expérience réelle et sincère plus que commerciale, éthique et relationnelle et non seulement transactionnelle.

TERRITOIRES, ÉCOTOURISME, ETHNOCENTRISME, RÉGIONS, TOURISME CULTUREL ET DURABLE :

Le tourisme culturel respectueux de l’environnement, des populations renforce le sentiment d’appartenance, de communauté et d’authenticité et valorise le patrimoine matériel et immatériel, et représente par son exigence une alternative épanouissante et enrichissante au consumérisme du tourisme de masse et ses contraintes parfois polluantes et envahissantes.

Ce tourisme culturel contribuerait à renforcer le sentiment de communauté, de « local » et d’authenticité pour l’habitant, mais il faut faire attention aux risques d’excès racistes ou xénophobes.

En effet, le tourisme identitaire liés à l’expérience de « l’authentique » est omniprésent dans le monde, mais parfois il fait objet hélas de manipulation populiste ou xénophobe pour signifier le rejet et l’exclusion au lieu d’encourager la rencontre et l’échange.

Et pourtant, l’identité ne prend de la valeur et de la grandeur que dans l’ouverture sur l’autre dans la tolérance pour découvrir et apprécier l’autre dans sa différence. On a vu à l’étranger des touristes et des immigrés maltraités à qui on refuse l’accès pour des raisons de rejets racistes et intolérants provoquées par la peur combinée à l’ignorance exacerbée par la propagande populiste qui manipule les faiblesses des gens en détresse.

 Pour le touriste cultivé amoureux du tourisme identitaire à la recherche de dépaysement, de calme, de beauté et de sérénité, il est très exigeant car il n’est pas un consommateur passif mais un influenceur actif qui a le dernier mot pour apprécier ou critiquer la qualité de l’offre touristique classique ou alternative pour recommander ou déconseiller sur les réseaux, et surtout pour se faire sa propre idée réaliste et pragmatique loin de la publicité.

 LE DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL DURABLE PAR L’ÉCOTOURISME RESPONSABLE :

Sur le plan territorial le positionnement des populations locales comme acteurs du tourisme culturel par la préservation de leur écosystème, leur territoire et la naturalité et l’authenticité de leurs produits du terroir fait de leur engagement au quotidien, l’originalité de leur offre et la simplicité de leur organisation une expérience unique recherchée par le touriste conscient et exigent d’un tourisme durable et responsable favorable au développement endogène et équilibré du territoire.

 Avec cet écotourisme le territoire est réapproprié par une population dynamique et épanouie qui au-delà du tourisme au sens technique partage des valeurs d’hospitalité, de respect, de courtoisie, de générosité et d’amitié au sens éthique. C’est une démarche écotouristique en termes d’échanges équilibrées et respectueux mutuellement bénéfiques et valorisant où l’humain, le culturel, l’écologique et l’éthique sont les piliers fondamentaux d’un tourisme de qualité au service de la prospérité matérielle, relationnelle et spirituelle partagée.

Cette approche de l’écotourisme ethnoculturel peut devenir un levier considérable du développement durable qui va mobiliser des initiatives touristiques variées des populations des douze régions du Maroc riches par leurs diversités géographiques, spatiales, environnementales, ethniques, culturelles, écologiques, patrimoniales, musicales, artistiques et architecturales.

Ces populations deviennent ainsi les acteurs du développement durable et les promoteurs du tourisme responsable de leur territoire. C’est aussi une manière d’éduquer le gout du touriste pour apprécier avec tact et intelligence les subtilités de la culture et respecter l’exception identitaire sans maladresses et sans provocations.

Et si le tourisme culturel était une des solutions de l’immigration clandestine en créant une activité valorisante du patrimoine du terroir et des territoires qui stabiliserait les jeunes dans leurs pays et inverserait le sens du voyage pour que les occidentaux et les européens qui ferment leurs portes redécouvrent l’Afrique qui ouvrent ces portes ? Encourager le tourisme culturel et alternatif en Afrique est un champ de développement durable qui créera des activités génératrices de revenus pour les populations candidates à l’immigration clandestine.

 En somme le 60 Congrès du FIJET à qui on souhaite un vif succès aura à débattre des meilleures approches pour faire cohabiter tourisme et culture en bonne intelligence pour valoriser l’identité, le patrimoine et faire communiquer les diversités et communier les universalités pour créer de la valeur culturellement touristique, et touristiquement culturelle, et  favoriser ainsi  la promotion d’un tourisme respectable au service de l’investissement responsable, du développement durable, des échanges équitables  et des solidarités indispensables dans un monde qui a besoin de repères, de valeurs et de culture pour devenir plus stable.

Laissez un commentaire